jueves, 29 de junio de 2017

retour pluvieux

Après avoir traversé du nord au sud un pays aussi inoubliable que la Norvège, le retour par la péninsule sans relief du Jutland est bien fade, d’autant plus qu’il se déroule sous une bruine quasi constante.
Ce paysage danois, entre terres agricoles et pins maritimes, m’est pourtant familier ; des petits coins de bivouacs aménagés facilitent parfois le montage du camp sous la pluie.

Jutland...



Arhus


Les villes traversées rompent la monotonie. J’entre en Allemagne sans transition par Flensburg.

Flensburg


Le Nord-Ostsee-Kanal que je longe en croisant d’immenses paquebots me conduit tout droit au trépident port d’Hambourg.

Nord-Ostsee-Kanal

Hambourg...


l'Elbe


Hanovre est plus calme et plus sage, 

coulée verte longeant la nationale

Hanoovre ; musée Kestner


alors que Franckfort respire la modernité autour de ses immeubles de verre. 



Son histoire est pourtant riche de plusieurs centaines d’années.
Je commence la visite par la place centrale, autour de laquelle se trouvent l’hôtel de ville et le musée d’histoire, devant lequel trône la statue de Charlemagne, qui aurait franchi ici le Main en fuyant devant les Saxons.

Un peu plus haut, l’église St-Paul, complètement détruite pendant la guerre, puis rebâtie, est le symbole de la démocratie du peuple allemand : c’est là que se tint en 1848 la première session de Parlement allemand.
Le rez-de-chaussée contient plusieurs plaques retraçant l’histoire du lieu ; très intéressant. A l’étage se trouve une salle de conférence (pouvant tenir lieu de salle de concert) à l’acoustique étonnante.

La cathédrale St-Barthélémy est des rares monuments de Frankfort qui peut rivaliser avec les gratte-ciels. Les empereurs du Saint-Empire Germanique y étaient couronnés. L’intérieur, sobre, contient de nombreux tableaux, dont quelques triptyques.

Je termine la visite par le vieil opéra, qui jouxte déjà les immeubles de verre.

hôtel de ville



Entre ces centres urbains la campagne allemande offre de belles séquences cyclotes le long de ses vallées, comme celle de la Wesser.

abbaye de Corvey

autour de la Wesser...



Naumburg


A Kirtorf je me sens déjà en Alsace ; je remonte le Rhin en passant devant de sublimes cathédrales, et mon entrée à Strasbourg marque la dernière ligne droite de ce voyage.

Kirtorf

le Rhin

Strasbourg ; Parlement européen


Le vélo, malgré ses avanies, résiste, et effectue les mille derniers kilomètres de la traversée est-ouest de la France sans flancher.

Je fais un petit détour par La Rochelle pour retrouver Jacques, rentré depuis plusieurs semaines, et entre en Vendée par le pont de Braut en terminant l’aventure sous le soleil. 

Norvège

La traversée en bateau de Moskenes à Bodo me fait rejoindre la route 17 ; c’est un itinéraire touristique qui par une succession de ponts, tunnels et ferries, permet de rejoindre Trondheim en longeant au mieux une succession de fjords.

Saltstraumen
Lysfjord


J’y croise quelques cyclistes qui remontent encore vers le nord, comme Sinkia, mais aussi l’Allemand Tobi qui comme moi, retourne vers le sud.

Sinkia

Tobi


Nous avons parfois quelques ferries de retard, mais arrivons à nous croiser aux étapes et à nous raconter nos journées. A Kvistero, il revient bredouille d’une chasse photographique à l’élan. Le lendemain, alors que je bivouaque seul au bord du fjord de Lognin, un renard malicieux commence à 4h du matin le dépeçage méthodique des affaires que j’avais entreposées sous l’auvent. Je l’arrête à temps, et improvise une danse nocturne avec lui tout en récupérant les chaussures qu’il avait réussi à dégager.
Souvenir inoubliable.

Namsos

Beistafjord


Trondheim possède une atmosphère toute médiévale autour des quais du dix-huitième siècle. Au centre, la cathédrale Nidaros fondée en 1070 en impose ; à côté, l’ancien archevêché abrite les joyaux de la Couronne.


cathédrale Nidaros


Je fais quelques zigzags pour rejoindre Oslo en découvrant des lieux plus centraux de Norvège qui valent bien le détour.

Melhus

Gauldalen


Je longe de larges cours d’eau, comme la Gaulda, gorgée de saumons et de truites, dont certains spécimens atteignent six à sept kilos.
La ville minière de Folldal est située à l’entrée de deux parcs nationaux.
Celui de Dovre, au nord, est habité par des bœufs musqués sauvages, que l’on trouve dans deux autres endroits au monde seulement.
Celui de Rondane, au sud, est le domaine des rennes sauvages ; plus difficile de les croiser que leurs comparses du nord, puisqu’ils sentent la présence de l’homme d’assez loin, et s’en méfient.

Rondane

Folldal



Je suis le cours de la Grimsa qui sépare les parcs en deux. C’est une piste là encore, payante pour les véhicules motorisés, et qui est fermée de l’hiver jusqu’à début juin pour éviter de troubler les jeunes rennes de l’année.
Peu de voiture donc, silence absolu, si ce n’est le bruissement de la rivière dans le lointain. Le paysage change au fur et à mesure de la montée progressive : forêt, vaste plateau, puis vallée encaissée.

la Grimsa



Plus bas, le massif du Jotunheimen, qui englobe la plus haute chaîne de montagne du pays, me permet de faire une belle rando d’un jour dans un décor complètement blanc. Rafraîchissant.

Jotunheimen...


refuge de Glitterheim

Glittertind (2465m)

paysage de neige au sommet


lac de Besstrond


Le final vers Oslo est plus agité côté circulation, mais je profite encore de nombreux lacs pour me régaler de ces paysages où il y a décidément très peu de choses à jeter.



Je passe trois jours à Oslo, en visitant malheureusement très peu la capitale ; je suis absorbé par la défection de mon cadre qui s’est fissuré en dessous de la selle, et il est bien difficile de trouver un soudeur d’aluminium qui veuille bien se risquer à la réparation.

Oslo ... opéra

Radhuset (1950)

palais royal


180 kilomètres plus bas je suis à Larvik pour prendre un dernier ferry pour le Danemark. Cette fois-ci ça sent vraiment la fin du voyage.

Je quitte ce magnifique pays qui restera sans conteste le clou de ce périple européen.

Cap au Nord

Tout change dès mon entrée en Norvège. Les paysages explosent. Au delà de la route E6, lacs, rivières et montagnes me font penser au Connemara.




Plus loin, en longeant la côte sous un ciel limpide, les rivages se font presque méditerranéens, s’il n’y avait les bouleaux et les rennes pour me rappeler que je glisse sans retenue vers l’extrême nord scandinave.






A Porsanger les arbres disparaissent déjà me laissant évoluer quasiment seul dans un décor de Highlands. J’y trouve un coin de bivouac abrité du vent, avec comme berceuse l’unique bruit des vagues dans un silence absolu troublé de temps en temps par les cris des oiseaux.





Puis passé le tunnel sous-marin long de neuf kilomètres, je pose pied sur Mageroya, l’île la plus septentrionale du continent européen.



Ici, les comparatifs n’ont plus cours. De sèches montées me mènent tout au nord. 





Cinq kilomètres avant l’arrivée au Cap, je laisse le vélo sur un petit parking, point de départ d’une randonnée aller-retour de 18 kilomètres qui mène au promontoire de Knivskjellodden.
Et là, miracle : le temps est au beau fixe pour admirer sans retenue le fameux rocher du Cap-Nord, vieux de 500 à 600 millions d’années, toisant la mer de plus de 300 mètres de hauteur.




Le Cap est plus qu’une étape ; c’est le début du retour de cette boucle européenne. Pour éviter de reprendre la même route sur plus de cent kilomètres, je monte à bord de l’Express côtier jusqu'à Hammerfest, puis reprends le vélo en longeant le littoral.





Le temps est vite changeant en Norvège. La pluie parfois mêlée de grêle s’invite trois jours durant et les sommets des pics se couvrent de neige du jour au lendemain.

Nuovas


Alpes de Lyngen



Mon bizutage scandinave se poursuit le long des Alpes de Lyngen où je profite malgré une météo déplorable de paysages somptueux.
Passé Tromso, surnommée la Paris du Nord,

L’Ishavskatredalen (1965) se démarque à l’entrée du pont ; elle a la forme d’une tente same et la blancheur d’un glacier. Son vitrail est monumental.


Ishavskatredalen



je poursuis en traversant les îles de Kvaloya et de Senja. Sublimes.

Kvaloya

baie de Senja

Andoya


La Norvège a ceci de féerique, c’est qu’on quitte un endroit de rêve pour rejoindre plus loin un coin de paradis.
Du Cap Nord, aux îles Lofoten … comment un voyageur avide de nature intacte peut-il oublier un jour ces images ? Impossible !



"cathédrale des Lofoten" (1898)