jueves, 29 de junio de 2017

si c'est un homme...

Après les platitudes de la steppe hongroise, je trouve un peu de relief dans les collines entourant Eger.

débordements de la Tisza

un peu de relief

Eger



La pluie omniprésente pendant trois jours cesse lors de mon arrivée en Slovaquie. Les châteaux dominant le paysage sont magnifiques, et je quitte ce petit pays en apothéose par une belle rando cyclo-pédestre dans le massif des Tatras.

forteresse de Krasna Horka


château Andrassy

Dobsina

Poprad, au pied des Tatras

palace pour randonneurs de luxe

c'est aussi bien à vélo

Tatras


La Pologne présente plus de contrastes : la montagne au sud autour de Zakopane s’oppose aux plaines du nord, et la capitale Varsovie aux grands boulevards de style nord-américain détonne par rapport à Cracovie, de facture plus européenne.

autour de Zakopane

église de Graboszyce

la Vistule

Cracovie : Wawel

Kazimier Dolmy



Varsovie...
palais na Wyspie


rond-point de Gaulle

place du vieux marché


palais de la culture


forêts de Mazovie

la Biebrza

lacde Wigry




Le passage à Auschwitz, incontournable, reste inoubliable.

"le travail rend libre"


La visite s’effectue dans le camp de concentration. Les baraquements sont restés tels quels. Plusieurs d’entre eux sont aménagés pour permettre au visiteur de plonger dans le monde de l’abomination. Les photos sont interdites, mais tout le monde en prend. Je m’en contente de deux, et noircis plusieurs pages de mon carnet de voyage pour ne pas oublier les mines d’informations que cet endroit recèle. Je retranscris quelques notes, en espérant que ça ne fasse pas trop cours d’histoire.

Quelques chiffres d’abord. 1,3 million de gens furent déportés à Auschwitz, dont 1,1 million de Juifs, 150 000 Polonais, 23 000 Gitans, 15 000 prisonniers soviétiques.
1,1 million y trouvèrent la mort, dont 90% de Juifs.
A l’arrivée au camp, une sélection était opérée : 25% devenaient prisonniers ; les autres étaient massacrés. A la fin, le train menait les déportés directement à la chambre à gaz.
23 200 enfants et adolescents y furent déportés. La plupart furent gazés dès leur arrivée.

Les causes de la mort furent diverses : surmenage au travail et sous alimentation (la ration quotidienne était de 1500 à 1700 kilo calories pour 11 heures de travail) ; punitions sadiques ; fatigue extrême après être resté des heures debout lors d’appels interminables ; tortures ; expérimentations médicales ; exécutions arbitraires ; gazage quasi-systématique des femmes, des enfants et des vieillards lors de l’arrivée au camp.

Tous les documents personnels des victimes furent détruits. Les nazis gardèrent par contre tous leurs biens. Des tas d’objets ont été retrouvés à la libération du camp : valises, vaisselle, jambes artificielles, vêtements, jouets, chaussures.
Pour se faire une idée, des centaines de chaussures ont été rassemblées derrière une vitrine. Les nazis ont cru faire disparaître des milliers de victimes sans laisser de traces. Mais chaque chaussure représente une victime, toutes entassées les unes sur les autres.

Il y eut 700 tentatives d’évasion, dont 300 réussirent, permettant au monde extérieur de se faire une idée des atrocités perpétrées dans le camp.
Le Sonderkommando était une unité spéciale de prisonniers employés à brûler les corps morts. Ils furent les témoins directs de l’horreur du camp. Ils prirent des photos ainsi que de nombreuses notes qu’ils enterrèrent sous le sol.
A la libération, six manuscrits furent retrouvés, témoins directs de l’action des nazis.

Je n’ai pas le temps de tout visiter. Je termine par un baraquement consacré aux déportés français.
76 000 Juifs furent déportés de France sur 330 000. 3% seulement des déportés sont revenus des camps.

Une vidéo montre le témoignage de Karol Pila, déporté alors qu’il était enfant, d’abord dans un ghetto, puis ensuite à Auschwitz.
Dès son arrivée, il a compris que les camions transportant femmes, vieillards et enfants les emmenaient à la mort. Il s’est alors extirpé du convoi pour demander au commandant de l’envoyer avec le convoi des hommes destinés au travail. Pour s’en débarrasser, le comandant l’enferme dans une ambulance. Mais Karol en ressort en cassant la vitre, et revient vers le commandant, les mains en sang. Le commandant, las, l’assigne alors au travail, le sauvant ainsi du gazage.
Ironie du sort, le portail du camp porte l’inscription « Arbeit Macht frei » : « le travail rend libre ».

Il raconte également la torture. Un jour, un nazi lui pose une boîte sur la tête. Il sort son arme, et tire, pour s’amuser.
-          Je tire plus bas si tu veux ?
-          Je n’ai pas peur. Si ça vous amuse de tirer sur un enfant, ne vous gênez pas. J’ai rien à perdre. Personne ne va me pleurer. Mais si vous tirez vous le regretterez votre vie durant. Imaginez : tuer un enfant sans défense.
Et il s’en sortira ainsi, à force de courage et de ténacité.

J’ai témoigné avec plaisir, dit-il à la fin du document, car je devais le faire.

Pour finir, je retranscris ce texte de Primo Levi, lu dans un autre des baraquements :

« Si c’est un homme »

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain
Qui meurt pour un oui ou pou un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez-pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant,
Répétez-le à vos enfants
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,

Que vos enfants se détournent de vous.

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