Après les platitudes de la steppe hongroise, je trouve un peu de relief
dans les collines entourant Eger.
débordements de la Tisza |
un peu de relief |
Eger |
La pluie omniprésente pendant trois jours cesse lors de mon arrivée en
Slovaquie. Les châteaux dominant le paysage sont magnifiques, et je quitte ce
petit pays en apothéose par une belle rando cyclo-pédestre dans le massif des
Tatras.
forteresse de Krasna Horka |
château Andrassy |
Dobsina |
Poprad, au pied des Tatras |
palace pour randonneurs de luxe |
c'est aussi bien à vélo |
Tatras |
La Pologne présente plus de contrastes : la montagne au sud autour de
Zakopane s’oppose aux plaines du nord, et la capitale Varsovie aux grands
boulevards de style nord-américain détonne par rapport à Cracovie, de facture
plus européenne.
autour de Zakopane |
église de Graboszyce |
la Vistule |
Cracovie : Wawel |
Kazimier Dolmy |
Varsovie... |
palais na Wyspie |
rond-point de Gaulle |
place du vieux marché |
palais de la culture |
forêts de Mazovie |
la Biebrza |
lacde Wigry |
Le passage à Auschwitz, incontournable, reste inoubliable.
"le travail rend libre" |
La visite
s’effectue dans le camp de concentration. Les baraquements sont restés tels
quels. Plusieurs d’entre eux sont aménagés pour permettre au visiteur de
plonger dans le monde de l’abomination. Les photos sont interdites, mais tout
le monde en prend. Je m’en contente de deux, et noircis plusieurs pages de mon
carnet de voyage pour ne pas oublier les mines d’informations que cet endroit
recèle. Je retranscris quelques notes, en espérant que ça ne fasse pas trop
cours d’histoire.
Quelques
chiffres d’abord. 1,3 million de gens furent déportés à Auschwitz, dont 1,1
million de Juifs, 150 000 Polonais, 23 000 Gitans, 15 000
prisonniers soviétiques.
1,1 million y
trouvèrent la mort, dont 90% de Juifs.
A l’arrivée au
camp, une sélection était opérée : 25% devenaient prisonniers ; les
autres étaient massacrés. A la fin, le train menait les déportés directement à
la chambre à gaz.
23 200
enfants et adolescents y furent déportés. La plupart furent gazés dès leur
arrivée.
Les causes de la
mort furent diverses : surmenage au travail et sous alimentation (la
ration quotidienne était de 1500 à 1700 kilo calories pour 11 heures de
travail) ; punitions sadiques ; fatigue extrême après être resté des
heures debout lors d’appels interminables ; tortures ;
expérimentations médicales ; exécutions arbitraires ; gazage
quasi-systématique des femmes, des enfants et des vieillards lors de l’arrivée
au camp.
Tous les
documents personnels des victimes furent détruits. Les nazis gardèrent par
contre tous leurs biens. Des tas d’objets ont été retrouvés à la libération du
camp : valises, vaisselle, jambes artificielles, vêtements, jouets,
chaussures.
Pour se faire
une idée, des centaines de chaussures ont été rassemblées derrière une vitrine.
Les nazis ont cru faire disparaître des milliers de victimes sans laisser de
traces. Mais chaque chaussure représente une victime, toutes entassées les unes
sur les autres.
Il y eut 700
tentatives d’évasion, dont 300 réussirent, permettant au monde extérieur de se
faire une idée des atrocités perpétrées dans le camp.
Le
Sonderkommando était une unité spéciale de prisonniers employés à brûler les
corps morts. Ils furent les témoins directs de l’horreur du camp. Ils prirent
des photos ainsi que de nombreuses notes qu’ils enterrèrent sous le sol.
A la libération,
six manuscrits furent retrouvés, témoins directs de l’action des nazis.
Je n’ai pas le
temps de tout visiter. Je termine par un baraquement consacré aux déportés
français.
76 000
Juifs furent déportés de France sur 330 000. 3% seulement des déportés
sont revenus des camps.
Une vidéo montre
le témoignage de Karol Pila, déporté alors qu’il était enfant, d’abord dans un
ghetto, puis ensuite à Auschwitz.
Dès son arrivée,
il a compris que les camions transportant femmes, vieillards et enfants les
emmenaient à la mort. Il s’est alors extirpé du convoi pour demander au
commandant de l’envoyer avec le convoi des hommes destinés au travail. Pour
s’en débarrasser, le comandant l’enferme dans une ambulance. Mais Karol en
ressort en cassant la vitre, et revient vers le commandant, les mains en sang.
Le commandant, las, l’assigne alors au travail, le sauvant ainsi du gazage.
Ironie du sort, le portail du camp porte l’inscription « Arbeit Macht frei » : « le travail rend libre ».
Ironie du sort, le portail du camp porte l’inscription « Arbeit Macht frei » : « le travail rend libre ».
Il raconte
également la torture. Un jour, un nazi lui pose une boîte sur la tête. Il sort
son arme, et tire, pour s’amuser.
-
Je tire
plus bas si tu veux ?
-
Je n’ai
pas peur. Si ça vous amuse de tirer sur un enfant, ne vous gênez pas. J’ai rien
à perdre. Personne ne va me pleurer. Mais si vous tirez vous le regretterez
votre vie durant. Imaginez : tuer un enfant sans défense.
Et il s’en
sortira ainsi, à force de courage et de ténacité.
J’ai témoigné
avec plaisir, dit-il à la fin du document, car je devais le faire.
Pour finir, je
retranscris ce texte de Primo Levi, lu dans un autre des baraquements :
« Si c’est
un homme »
Vous qui vivez
en toute quiétude
Bien au chaud
dans vos maisons,
Vous qui trouvez
le soir en rentrant
La table mise et
des visages amis
Considérez si
c’est un homme
Que celui qui
peine dans la boue,
Qui ne connaît
pas de repos,
Qui se bat pour
un quignon de pain
Qui meurt pour
un oui ou pou un non.
Considérez si
c’est une femme
Que celle qui a
perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la
force de se souvenir,
Les yeux vides
et le sein froid
Comme une
grenouille en hiver.
N’oubliez pas
que cela fut,
Non, ne
l’oubliez-pas :
Gravez ces mots
dans votre cœur.
Pensez-y chez
vous, dans la rue,
En vous
couchant, en vous levant,
Répétez-le à vos
enfants
Ou que votre
maison s’écroule,
Que la maladie
vous accable,
Que vos enfants
se détournent de vous.
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